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En passant

Présentation – Fouille archéologique dans la Vallée de Tolbor, Mongolie

Durant un mois j’ai eu la chance de participer aux fouilles archéologiques, entreprises il y a maintenant quatre ans, sur le site paléolithique mongol, Tolbor 16. Ci-dessous je vous fais une petite présentation du site ; la vie sur place et les aventures d’un mois dans la Taïga sont dans l’article suivant. Vous pouvez retrouver la discussion finale de l’article 2013 via le lien en bas de page, cependant je vous conseille d’attendre les dernières conclusions de 2014.

Présentation du site de fouille

« Le site de Tolbor 16 est situé dans le Ikh Tulberiin Gol (la vallée de la rivière Tolbor), à environ 7 km de sa confluence avec la Selenga. Cette dernière rivière s’écoule vers le Nord pour rejoindre le lac Baïkal et constitue un axe important de circulation à travers les monts Saïan et les monts Yablonoi.
Le site a été découvert et sondé en 2010 et est fouillé depuis 2011. Les résultats préliminaires de ces travaux indiquent notamment la présence de plusieurs occupations datant des phases anciennes du Paléolithique supérieur. La succession de deux complexes y apparaît probable, succession similaire à celles de sites voisins, tel Tolbor 4, avec une industrie du Initial Upper Palaeolithic datée vers 40.000 BP, suivie par l’industrie du Early Upper Palaeolithic aux environs de 34-33.000 BP.
Les données récoltées à Tolbor 16 vont permettre de tester différentes hypothèses concernant l’existence de ces deux phases, leurs homogénéités à travers l’Asie septentrionale (entre les monts Altaï, le lac Baïkal et le Nord de la Mongolie) et la reconnaissance de la Selenga en tant qu’axe de circulation pour les populations du début du Paléolithique supérieur. » *

Capture d’écran (166)

Les objectifs de la mission

Sur la base d’une abondante production lithique dans les sites du Paléolithique supérieur en Mongolie et dans l’Altaï, l’analyse des différences, des similarités ainsi que des variabilités dans ces régions pourrait refléter une unité techno-complexe. La difficulté réside dans l’interprétation d’une production lithique encore peu étudiée et relativement vague pour cette période de la Préhistoire.

La seconde hypothèse de recherche est l’étude de la vallée de la rivière Selenga en tant que corridor potentiel ayant favorisé les mouvements des populations au Paléolithique supérieur sur base de la position des sites de fouilles, de leur artefacts ainsi qu’en prenant en compte les avantages géographiques de cette vallée.

Capture d’écran (167)

Méthode de travail

« Une station totale est utilisée pour dresser la carte de la topographie générale du site, les caractéristiques anthropogéniques et enregistrer les artefacts de plus de 2 cm de long. Lorsque cela est possible, l’orientation et l’inclinaison de l’axe long des artefacts sont mesurées. Les sédiments quant à eux sont tamisés dans un tamis d’une maille de 2 mm. Des emplacements types ont été enregistrés avec la station totale. Cette méthodologie a été ajustée pour augmenter la résolution d’enregistrement de données, la formation de documentation du site et des processus anthropogéniques (par exemple. McPherron et Plantoir, 2002; Nigst et d’autres., 2008).

La documentation graphique consiste en images numériques geo-localisées, la cartographie faite à la main et numérique, et des croquis situationnels. L’utilisation de cette méthodologie standardisée tient compte de la comparaison entre les résultats de Tolbor et les sites après les mêmes protocoles. » **

Bref aperçu de la stratigraphie, taphonomie et artefacts (voir l'article pour plus de détails)

La stratigraphie de Tolbor 16 a été divisée en 7 unités distinctes dont le sommet débute par les couches 1, 2 et 3.
A quelques exceptions près, les couches 1, 2 et 3 ont été révélées stériles. Les traces claires d’une occupation humaine apparaissent dans la couche 4 où les artefacts ont été probablement dispersés suite à un processus sédimentaire à basse énergie. Les artefacts sont en nombre plus important dans les couches 5/6 néanmoins « la distribution, des découvertes, combinée avec la forme de l’unité sédimentaire, indique clairement des mouvements post-dépositionels ». La couche 7 est de la loin la plus riche de la stratigraphie. Elle a révélé des outils lithiques sur 40 cm d’épaisseur ainsi que des ossements. Une preuve possible d’un foyer a également été découverte dans le Piet 1.

Des ossements et des dents ont également été mis au jour dans les couches 6 et 7. Leurs analyses ont permis d’identifier la présence d’Eqqus sp. dans les deux strates ainsi que la présence d’un grand bovidé dans la dernière. En 2013, les couches 4 et 7 ont révélé des perles en os d’autruche. Un peu moins de 10 000 artefacts ont été découverts ces dernières années dans les Piet 1 et Pit 4 (la tranchée principalement travaillée en 2014) dont les matières premières sont généralement des roches métamorphiques (aleurolite/siltstone) ainsi que des roches telles que le basalte et la rhyolite. La présence abondante de nucleus et nucleus préformés montre que la taille avait lieu sur le site même. Les lames ainsi que les éclats sont à 64% non corticale. Les outils retouchés et les lames sont les outils dominants deTolbor 16.

Capture d’écran (170)

Datations

« Le rapport Paléolithique de la Vallée Tolbor est remarquablement riche mais seulement une poignée de dates au radiocarbone a été obtenue sur l’os et les échantillons de coquilles d’œuf d’autruche dans deux laboratoires différents. Un des objectifs du projet actuel doit obtenir des résultats comparables pour certains des sites clés dans la vallée en utilisant une méthodologie standardisée. Ceci augmentera à son tour la résolution de l’ordre régional proposé par Gladyshev et d’autres chercheurs.

À Tolbor 16, actuellement, la première date obtenue pour la partie supérieure de la couche 7 indique un âge de 33,320 ± 180 BP (37,698 ± 641 Cal BP). Un résultat seul est insuffisant pour fournir une attribution chronologique précise pour la couche 7 comme cela doit présenter un âge minimal pour l’occupation sous-jacente. De façon intéressante, ce résultat tombe dans la gamme inférieure des nouvelles dates obtenues pour la couche 7 à Tolbor 15 (entre 37.5 et 40.5 Cal ka BP). » **

Capture d’écran (171)

* source: http://web.philo.ulg.ac.be/prehist/tolbor-mongolie/
** source & photos: Zwyns, N., et al., The open-air site of Tolbor 16 (Northern Mongolia): Preliminary results and perspectives,Quaternary International (2014), http://dx.doi.org/10.1016/j.quaint.2014.05.043

Présentation – Fouille archéologique dans la Vallée de Tolbor, Mongolie

 
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Publié par le 22 août 2014 dans Je travaille là !

 

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